Février 2022 - Editorial [es]
Le mois de février présentera pour l’éternité, ou du moins aussi longtemps qu’il y aura des hommes pour suivre le calendrier grégorien, un avantage incomparable : il est court.
Cette année, il sera d’autant plus bref qu’une bonne partie sera occupée par des bonds et des rebonds des athlètes sur les bosses des pistes de ski où se disputeront les jeux olympiques d’hiver. Le public adore en général le spectacle époustouflant des patineurs s’élançant sur la glace. Il y a en effet quelque chose de fort audacieux dans les sauts de carre, les impulsions sur un dehors avant gauche ou une réception sur un dehors arrière. Personnellement, j’en reste toujours ébahi, notamment devant la patineuse artistique réalisant « l’axel », qui est un saut de carre avec passage de jambe libre devant, puis demi-tour de rotation en l’air et passage de la jambe d’impulsion en croisé par-dessus pour former (pince-moi, je rêve) la position en X.
Mais allons, en attendant l’ouverture solennelle de ces jeux que personne ne voudrait ou n’oserait divulgâcher, comme on le dit à propos d’une série à suspense, n’oublions pas que cette année toute nouvelle, toute fraîche, va nous permettre d’évoquer Molière. Voici quatre cents ans, en effet, que fut baptisé notre dramaturge-comédien national, l’immense Jean-Baptiste Poquelin qui aimait tant farcer.
Saperlipopette ! Avouons qu’en matière de farces, il a peu de comparses à sa hauteur. Espérons que les metteurs en scène programmeront au moins une pièce de lui, après avoir mis à l’honneur en 2021 le peu désopilant Jean-Paul Sartre. Si l’on a pu faire dans le passé tout un tintamarre de quelques pièces du maître de l’existentialisme, force est de reconnaître que, de nos jours, les spectateurs s’enfuient, tel le chien Rantanplan dans les livres de Lucky Luke, gémissant « kaï, kaï, kaï », quand on leur propose de revoir Les mains sales, pièce écrite en 1948 et qui a tellement vieilli qu’on en reste médusé.
Que l’on ne s’y méprenne pas : le programme culturel de l’année devrait comprendre bien d’autres surprises, depuis le printemps des poètes et la fête de la francophonie en mars jusqu’à la fête de la musique en juin. Celle-ci devrait permettre de rendre hommage à Boby Lapointe ou Yvette Horner, tous les deux nés en 1922.
Pour conclure, je me vois contraint, comme dans tout moment oulipien où règne la contrainte, de confesser aux [rares mais précieux] lecteurs de cette petite chronique mensuelle que ce texte un peu décalé n’avait pour but que de répondre à la facétieuse commande de l’Organisation internationale de la francophonie. Comme chaque année, en effet, elle propose de jouer avec dix mots : Dis-moi dix mots.
Voilà qui est fait. C’est à vous.